Oui! Parce que Ginette Reno me l’a souvent rappelé dans sa chanson « 1Ça pleure aussi un homme », mais aussi parce que j’ai longtemps été mal avec cette émotion… Ces larmes contenues pour préserver une image qui ne me correspondait pas.
Je ne savais pas que j’avais le droit de pleurer. On ne me l’avait pas montré, mais surtout, on ne me permettait pas de le montrer!
Je suis un modèle 1966. Je suis de cette époque où pleurer était réservé aux petites filles. Un gars, ça devait être fort. Je me suis souvent fait dire, quand je pleurais, « tais-toi! ». Pourtant, un enfant ça pleure… Mais pour mes parents, il n’y avait pas de place pour cette émotion. Probablement parce qu’eux-mêmes n’avaient pas eu le droit de pleurer. Ils ont assurément entretenu, eux aussi, ces croyances qu’ils m’ont transmises.
On m’a inculqué ces croyances limitantes qu’un homme c’était fort, qu’un homme ne devait pas montrer ses émotions, qu’un homme ÇA PLEURE PAS!
Pour un homme sensible comme moi, vous pouvez imaginer comment j’ai eu à refouler et gérer ma peine, mes larmes, me contenir pour ne pas déplaire, mais surtout pour ne pas me faire chicaner ou encore recevoir des tapes.
Les émotions, ça ne sort pas par le bout des doigts ni des pieds!
C’est mon thérapeute qui m’avait dit cela un jour et j’ai toujours gardé cette phrase en tête et je m’en suis servie. Je m’en sors encore aujourd’hui, pour moi et pour les clients que j’accompagne aujourd’hui.
Les émotions refoulées, selon moi, ont eu un impact dramatique, alors que ces émotions ne demandaient qu’à sortir. Dernièrement, j’ai eu accès à une partie de mon histoire de vie passée que j’avais oubliée. J’ai rencontré une dame merveilleuse qui a pris soin de moi dans une période trouble de ma vie d’enfant. Cette personne, dont je veux préserver son anonymat, me racontait que je vomissais en arrivant de l’école et que la travailleuse sociale de l’école lui avait dit « laisser le vomir. S’il vomit, c’est son moyen à lui d’extérioriser ses émotions. ». Vous imaginez comment je devais me retenir en maudit pour que ça sorte de cette façon.
Pour pleurer, ça m’a pris de la sécurité!
Ginette Reno dans sa chanson « Ça pleure aussi un homme » dit ceci : « Un homme un jour c’est vulnérable ça nous ressemble infiniment. » C’est vrai! Il a fallu que je vois des hommes pleurer, lors d’un atelier pour hommes, pour commencer à me donner le droit de pleurer. Je me rappelle, c’était en 2007 et j’avais 41 ans. Vous imaginez toutes ces années à me contenir, me retenir, faire semblant, ravaler, entretenir un personnage que je n’étais pas?
Pourquoi un homme a besoin de sécurité pour pleurer?
Parce que l’homme est fort. L’homme a une image à préserver. L’homme porte des croyances limitantes, mais avant tout, l’homme n’a pas accès à sa sensibilité aussi facilement qu’une femme. Pour un homme, la sensibilité l’amène à devoir se montrer vulnérable et ça implique directement que cet espace intérieur, il doit l’apprivoiser et c’est dans un espace de sécurité qu’il se donne le droit de vivre sa sensibilité et se donne le droit de se montrer dans sa vulnérabilité.
Combien de fois j’ai entendu des hommes me dire « ben oui, je pleure avec ma blonde en écoutant un film! ».
Moi aussi j’ai pleuré avec ma blonde en écoutant un film, par contre, ma sensibilité j’ai dû l’apprivoiser. Et c’est avec d’autres hommes que je l’ai fait! Ça me touche d’écrire ces mots ce matin, parce que ça réveille plein de moments avec ces hommes qui se sont montrés à moi dans leur vulnérabilité, qui se sont confié dans des contextes d’apprentissage où ils ont pu déposer leurs masques et arrêter de jouer un personnage. Parce qu’ils ont pleuré et se sont montrés, je me suis aussi donné cette permission et j’ai été accueilli, consolé, j’ai reçu des HUG (câlins) sans mot de leurs parts, mais ça voulait dire « ça va être correct, tu as le droit ».
Sensibilité et vulnérabilité = MOINS MASCULIN
Ben non, arrêtons de penser que parce qu’on se montre sensible et vulnérable que nous sommes moins HOMME ou moins virile.
Comme homme, nous avons tous une responsabilité de montrer à nos fils, que de pleurer c’est normal, c’est humain!
Permettons à nos enfants, d’être des enfants et accompagnons, accueillons, traduisons leurs émotions, développons avec eux cet univers pour leur permettre d’être plus libre.
Je dis souvent aux hommes que j’accompagne que je vais les aider à mettre des MOTS sur leurs MAUX parce qu’ils n’ont pas appris.
J’ai longtemps souffert dans ma vie d’homme parce que je n’ai pas SU FAIRE.
Aller les BOYS à vos mouchoirs!
1Ginette Reno : Ça pleure aussi un homme 1991 Auteur : Michel JOURDAN / Compositeur : Gérard TEMPESTI, Jean ABALDONATO Editeur : LES EDITIONS GERARD TEMPESTI
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